
Par Ahcene Farah, professeur à la retraite

A l’issue de longues discussions, les députés français ont ouvert, jeudi 23 mai 2013, la possibilité de dispenser des cours en anglais dans les universités du pays, malgré un tir de barrage des opposants, qui redoutent une perte d’influence du français dans l’enseignement. L’Assemblée nationale a adopté par un vote à main levée l’article 2 du projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche présenté par Geneviève Fioraso, la ministre de l’enseignement supérieur. »
J’ai 38 ans d’expérience dans l’enseignement supérieur, en français puis en anglais, dans les universités et grande écoles.
D’abord, je suis d’accord avec ceux qui disent « il faut améliorer la qualité de l’enseignement supérieur en priorité », mais cette qualité ne peut s’améliorer sans amélioration de celle du secondaire, et avant lui le primaire. Je suis aussi d’accord en ce qui concerne la richesse socio-culturelle de connaître plusieurs langues, autant qu’on connaît de langues l’accès et l’ouverture sur le monde sont meilleurs.
Cependant en ce qui concerne la science et la technologie, le meilleur véhicule des connaissances aujourd’hui (demain peut-être ce sera une autre langue), c’est l’anglais. Les universitaires dans le domaines scientifiques et technologiques savent que tout le monde communique en anglais dans les conférences et les revues reconnues internationalement, les chinois publient en anglais, les français publient en anglais,… même les livres de haut niveau publiés par les français sont publiés en anglais.
Juste pour information, ce débat les français ont commencé à l’avoir en 1986 (je préparais mon Doctorat d’État en France en ce temps là), quand l’institut Pasteur avait supprimé la version française de sa revue, en gardant la version anglaise, le directeur de l’institut lui-même est venu expliquer sur TF1 (qui était encore publique), que personne n’envoyait plus d’articles en français à la revue, même les français, et que lui-même était d’accord avec eux, car toutes les carrières universitaires et reconnaissances scientifiques passent par des publications reconnues, donc en anglais.
Le débat sur la revue etait clos en 1986, mais le débat sur l’enseignement en anglais s’est ouvert, et ils l’ont clôturé par la loi de 2013. Si les français, dont la langue maternelle est le français, ont tranché la question en faveur de la science donc dans l’intérêt du progrès de leur pays, il doit être plus facile pour les algériens de trancher aussi cette question dans l’intérêt de la science et du progrès de l’Algérie.
Mais bien entendu, il ne faut pas que l’on mélange l’utilisation du français en Algérie, qui est maintenant ancré dans l’usage et l’histoire car cette langue reste d’un apport de connaissances largement supérieur aux connaissances véhiculées en arabe classique, avec l’utilisation de l’anglais dans l’enseignement dans supérieur.
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